lundi 1 octobre 2012

Recréer un environnement Montessori à la maison (partie III : le quotidien)


Recréer un environnement Montessori à la maison ne se limite pas à un agencement des pièces agréables, à l'accès d'activités intelligentes... C'est aussi les adultes qui encadrent les enfants. Au quotidien, il faut également penser aux règles de vie, à l'accompagnement, l'apprentissage de la politesse, la télévision (mais plus j'y pense, plus je me dis qu'un article entier sera nécessaire pour cette question!!!) Penchons-nous sur l'ambiance Montessori, au quotidien!

Des règles de vie : Difficile de vivre à plusieurs, dans une communauté! Il y a des règles, des lois à respecter... Abordons les avec notre enfant dans la mini-société que constitue notre foyer, et cela le plus tôt possible! Choisir avec eux quelques règles, les plus importantes (mieux vaut commencer pas un petit nombre plutôt que trop de règles qui ne seront ni retenues, ni respectées). Les inscrire avec eux, en les expliquant, en donnant des exemples : "Tu te souviens de ton petit frère qui t'as tiré les cheveux? Tu as eu mal, tu as même pleuré... Tu te souviens comme cela était désagréable? C'est pourquoi personne ne doit faire de mal à une autre personne. Ton petit frère n'avait pas le droit de te faire du mal. Toi non plus tu n'en as pas le droit, c'est interdit, cela serait très désagréable pour l'autre... Tu viens, nous allons l'écrire ensemble." Vous pouvez faire de ce moment un instant très solennel, dont l'enfant se souviendra : cela pourra être dans le futur un bon repère lorsque vous aborderez les lois ou  la rédaction des droits de l'homme : "Tu te souviens nous avions écrit ce que nous pouvions faire ou ne pas faire à la maison? Eh bien, des gens ont réfléchi tout comme nous à ce que l'on pouvait faire ou non dans le pays."...
Insister bien sur le fait que l'établissement de ces règles apportera un bienfait pour toute la famille!

La politesse : L'enfant imite. Cela est naturel, c'est son mode de fonctionnement (voir les articles précédents sur l'esprit absorbant selon Maria Montessori.) Pour lui apprendre les règles de politesse les plus élémentaires, il est nécessaire que les adultes les appliquent... Modifier notre comportement au quotidien afin d'être plus serviable, remercier souvent!
Nous pouvons également aller plus loin. Expliquer une nouvelle règle que l'enfant ne fait pas (ou plus) : mettre la main devant la bouche quand il tousse (cela dépasse même le cadre de la politesse, c'est hygiénique) et argumenter sur l'utilité de dire un simple merci. Une nouvelle règle par semaine est suffisante, et tout le monde à la maison s'y applique s'il vous plaît! Toute la semaine, à tout moment, on fait attention à bien la respecter.

Entre frères et sœurs : Les problèmes à la maison ont souvent lieu entre les enfants. Quand ils sont jeunes, ce sont les jouets, les activités de l'autre qui donnent envie et créent le conflit. Pour cela, il est nécessaire d'appliquer la règle de la doctoresse : tant que l'enfant joue/travaille avec son matériel personne n'a le droit d'y toucher. C'est à dire que l'enfant qui souhaite jouer attend son tour. Il pourra prendre le matériel quand il aura été rangé à sa place (synonyme que l'enfant a bien terminé d'y jouer). A 3 ans, pas de place pour le partage... Pas encore! Et puis, est-ce sa faute à lui si son petit voisin est envieux?
Mais à cet âge également, l'enfant se définit par ce qui est à lui. Lui prendre son doudou, c'est prendre une part de son identité. Son environnement c'est lui tout entier. C'est pourquoi il est possible de définir avec les enfants 3 jouets/peluches qui ne seront qu'à lui. Personne ne pourra jouer à ses jouets là et ils seront toujours disponibles pour lui (ils ne feront donc pas partie du roulement entre les jouets). Cela devrait épargner beaucoup de pleurs (mais pas tous, la tâche est rude!)
Quand les enfants sont plus grands et sont bien capables de s'exprimer (et de mettre des mots sur leurs sentiments notamment) il est possible de créer une table des négociations (vus dans le livre de l'association Montessori de France). L'idée est de prendre 1 table, 2 chaises et d'1 clochette (son rôle sera très symbolique!) Un problème entre enfants? Hop, on se réunit autour de cette table et on suit très exactement ces diverses étapes :
- le premier enfant parle. Pour prendre la parole, il pose sa main sur sa poitrine, sur son cœur (la symbolique de ce geste est que tout ce qu'il dit est vrai, du fond de son cœur). L'autre écoute. Pour montrer clairement qu'il est actif dans son écoute,  il pose sa main sur la table. La discussion repose sur une description des faits du premier point de vu, et de ce qu'il a ressenti. Puis ce qu'il souhaite afin de mettre un terme à la dispute.
- le second enfant parle selon le même processus.
- etc... Jusqu’à ce qu'une solution soit trouvée. Dans ce cas, les enfants sonnent la cloche, synonyme de paix. Cela permet également à toute la maisonnée de savoir que le problème est réglé!
Au début, la présence d'un adulte est nécessaire. Puis de moins en moins. Lorsque le conflit ne semble pas se résoudre, un médiateur peut intervenir, ou toute la famille (en conseil) si la situation est franchement délicate.
Ce qui est positif avec cette table des négociations, c'est que l'enfant sente qu'il a sa place dans la famille, que ses sentiments sont reconnus et écoutés, qu'il y a une justice même pour les plus faibles.

Les enfants comme partie intégrante de la famille :
Quel que soit le problème que vous rencontrez, n'hésitez pas d'en faire part à votre enfant. Tous ses sens étant constamment en éveil, dites-vous bien qu'il ressent les tensions de la maison. Bien sûr il faut adapter le discours à son âge, mais surtout ne pas éluder vos soucis. Un problème de couple? Dites bien à vos enfants, que oui vous êtes fâché, cela lui arrive bien à lui, comme à tout le monde. Mais rassurez-le, cela n'a rien à voir avec lui...
De façon plus joviale, la préparation des vacances se fait également tous ensemble! Chacun joue un rôle dans l'organisation, la préparation des bagages, la vérification finale (dès le plus jeune âge, il prend la responsabilité de son doudou par exemple.)
Et on travaille tous ensemble sur le maintien d'un environnement sain. En couple (aïe aïe, convaincre Monsieur n'est-il pas encore plus difficile que les enfants?) Selon leur âge (dès 15 mois), les enfants peuvent aider dans de petites tâches ménagères (voir l'article sur la vie pratique). Ils voient le fruit de leurs efforts récompensé (c'est du concret), il participe à la vie de la famille et en plus, ils éduquent leurs mouvement. Ne vous attendez pas à avoir une maison rutilante! C'est bien souvent le contraire... Passez derrière eux de façon discrète pour les petites touches finales de propreté afin de ne pas les vexés!


Au final :
La paix et l'harmonie dans une maison? Dur, dur! On touche un peu plus au but en appliquant les principes Montessori (c'est mon avis très personnel bien entendu, mais c'est aussi ce que j'ai pu constater en l'expérimentant tous les jours). Même en s'y appliquant profondément, les crises guettent, les colères prennent forme... Et l'on obtient des parents frustrés! 
Allez, soufflez! Le principal c'est bien de resserrer les liens familiaux, de se respecter chacun, "l'enfant n'est pas un humain en devenir mais un être à part entière". Politesse, discipline, doivent s'apprendre de façon positive. L'échec ne doit pas être disputé, mais plutôt consolé. Les parents doivent aussi savoir être stricts si nécessaire et ne pas avoir peur d'obtenir en conséquence un enfant fâché contre eux (là c'est souvent une montagne pour moi!)
  
J'ai beaucoup aimé les ouvrages d'Isabelle Filliozat, qui traitent ces questions, et notamment "J'ai tout essayé" très amusant à consulter et qui nous décomplexe totalement (n'hésitez pas à consulter ses autres ouvrages.) J'ai pu apprendre que de nombreux autres problèmes nous attendent dans l'éducation de nos enfants. Parfois, il peut nous arriver de perdre patience (nous aussi nous pouvons ressentir des besoins à combler comme le manque de sommeil.) Il est important de toujours prendre quelques secondes pour se distancer du problème, respirer un bon coup et se demander ce que l'on ferait si nos enfants étaient des invités de marque (que nous ne disputerions jamais pour un verre renversé, au contraire... Nous chercherions à remonter le moral de notre cousine/oncle/ami tout en courant chercher l'éponge!) Et relativisons! Non, notre enfant ne cherche pas le conflit... Peut-être est-il fatigué, a-t-il faim, a-t-il eu une mauvaise journée (surtout s'il est à l'école)? Ou peut-être suit-il une nécessité biologique qui nous échappe, comme l'a si bien expliqué Maria Montessori? Ne cherchons pas à le raisonner... Au final, est-ce si grave de vouloir mettre ses chaussons pour l'école? Et si tout ce que votre petit recherche ne serait qu'un câlin? Si tout échoue, jamais personne ne résiste à une bonne grosse dose d'amour :)


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