lundi 15 juillet 2013

C'est quoi apprendre? II

Nous avons vu que pour apprendre il faut consolider les chemins des signaux électriques de la commande. Dé-zoomons maintenant...

Comment différencier que l'on apprend et ce qu'on fait?
En fait, on apprend tout le temps et partout. Simplement parce que, comme nous l'avons vu, faire c'est apprendre. Ainsi, il est parfois bien étrange de dire que nous apprenons à jouer d'un instrument... Comme si, il nous fallait d'abord apprendre, puis seulement, après 3 années d'entraînement, nous pourrions enfin jouer de la musique. Non!
Je fais du piano et en même temps j'apprends. Me croirez-vous si je vous dis que je n'ai commencé à pratiquer le piano il n'y a qu'un an et que je sais jouer entièrement 4 ou 6 compositions SANS jamais avoir eu de professeur?! Avant de m'intéresser aux apprentissages, je savais qu'il fallait que je joue, même qu'un peu et m'attaquer à des choses qui me plaisent et qu'on ne donne pas forcément aux débutants. Là, je m'attaque à une nocturne de Chopin. Je sais que je n'ai pas le niveau! Mais je vais beaucoup apprendre en chemin...

Les conditions d'apprentissages optimums selon John Holt

Vous allez voir, que John Holt reprend beaucoup d'idées de Maria Montessori, sans même ne jamais la citer. J'aime beaucoup collecter ces nombreuses sources, dont les concepts, au final se recoupent!

Les tâches éventuelles d'un professeur
Selon John Holt  (voir ses livres apprendre sans l'école ou encore les apprentissages autonomes), un professeur peut aider de plusieurs manières:
- en découpant, décomposant la tâche pour que l'élève, avec ses moyens et ses efforts puisse être capable de la réaliser;
- il peut être un modèle, en montrant la manière de faire correcte;
- il peut faire voir à l'élève ce qu'il fait réellement grâce à différents feed-back comme un miroir (surtout pour la danse) ou un enregistrement (pour la musique et le chant). Ce qui est encore mieux, c'est d'avoir le feed-back directement sur le matériel (et pour cela, le matériel de la pédagogie Montessori est extraordinaire).
- il peut indiquer quelle est la différence entre le mouvement fait et le mouvement à faire;
- il peut montrer comment gommer cette différence.

Les problèmes d'apprentissage peuvent donc intervenir à plusieurs niveaux :
Quand le professeur ne sait pas découper (ou lorsqu'il est trop rigide dans ses découpes dans le cas des professeurs de longues dates et de leurs décompositions de longues dates qu'ils ne souhaitent pas remettre en question), ne sait pas s'adapter aux niveaux de son élève, quand il donne un mauvais feed-back, ou donne de mauvais conseils pour gommer les différences entre ce que fait l'élève et ce qui est attendu.
Autant dire que les risques face à un seul individu sont déjà énormes, mais devant une trentaine...


Toujours selon Holt, un environnement coupé du monde, un abri où l'on peut s'autoriser à faire des choses que l'on ne ferait pas chez soi ou en public, est l'idéal. Voici également, quelques autres pistes :
- Pour réussir dans sa mission, le professeur doit être un soutien (prendre du temps pour répondre aux questions tout en ne sa braquant pas ou en ne se lançant pas dans des apprentissages forcés) et un guide (il doit donner des idées, des conseils, ses propres goûts).
- le professeur doit être attentif aux signaux de l'enfant et agir avec beaucoup de tact.
- Après tout, les mots prononcés par le professeur de sont que des mots et la difficulté est d'entrer en relation avec un vécu, avec la propre expérience de l'enfant (si l'enfant ne sais pas que le ciel est bleu, comment aller en avant pour expliquer sa couleur?)
- Pour cela, le professeur peut éventuellement penser aux tests. Ces tests sont individuels et permettraient seulement de voir où l'enfant en est afin d'adapter la réponse du professeur.
- Gagner la confiance de l'enfant. Pour cela il doit respecter ses craintes et les prendre aux sérieux. Dans la même idée, il devrait éviter les évaluations.
- Il faut aussi faire preuve de beaucoup de patience et d'estime de soi pour pouvoir laisser l'enfant faire quelque chose de la réponse donnée. C'est à lui de l'intégrer. L'enseignant doit être capable de s'arrêter dès que l'élève n'a plus envie sans se braquer.
- Il ne faut répondre qu'aux besoins, qu'aux questions... Et le plus dur est finalement, d'attendre l'arrivée de ces questions...

Laisser le contrôle aux élèves
Personne ne peut apprendre à la place de quelqu'un d'autre. Seul celui qui agit, celui qui est maître de son travail, celui qui choisit son but et la tâche à accomplir est dans un processus d'apprentissage.
L'enfant devrait pouvoir choisir :
- quoi apprendre (selon les intérêts propres à chaque individu);
- quand;
- de quelle manière;
- à quel niveau;
- avec quel type d'aide;
- son professeur et être libre d'en changer.

Envisageable pour une prochaine réforme scolaire? Vous en pensez quoi?

mercredi 3 juillet 2013

C'est quoi apprendre?

Les voies de la science ont élucidé et apporté de la clarté dans les processus des apprentissages... De nos jours, on en sait quoi?


Le cerveau

Le cerveau règle tous les mécanismes nécessaires à la vie et à nos mouvement mais voilà, c'est aussi lui qui nous permet de parler, penser, raisonner, nous souvenir, nous concentrer, prendre une décision, être conscient, planifier, apprendre, ressentir des émotions et des sentiments. Le cerveau a 2 hémisphères qui jouent un rôle particulier (voir ci-dessous) mais étroitement liés.




Quelques infos intéressantes pour continuer : sa consommation énergétique est de près de 20% de notre énergie physique totale... Son poids  a beaucoup évolué aux cours des modifications de notre espèce. En regardant le schéma ci-dessous, on peut voir que le cerveau est un peu le fossile de notre évolution.


A noter que la partie reptilienne (la plus ancienne) est celle qui prend le dessus en cas de danger. Bref, le siège de notre instinct animal! Les reptiles ne possèdent que ce cerveau uniquement. C'est ce qui explique que les femelles laissent leurs petits dès la naissance...
La partie du cerveau limbique correspond à la zone de socialisation et de sentiments : il est commun à tous les mammifères (oui oui, de la souris au lapin, ils ressentent en plus des instincts de survie et de peur, des sentiments d'amour : ils protègent leurs petits).
Le cortex est notre chance d'humain... En plus de coordonner nos mouvements de survie (respiratoire, etc...), de nous socialiser, nous avons la possibilité de mettre en mots ce que nous ressentons. Oui, le cortex permet la langage, la création, bref la pensée intelligente! 

A NOTER :  lorsque l'enfant est éduqué dans la violence, on développe chez lui, la zone du cerveau reptilienne (et bien sûr en dépit des autres). Il apprend la peur. 
Nier les sentiments d'un enfant avec les fameux "mais non tu n'as pas mal" ou encore les "mais non, tu aimes ta petite soeur!" crée un blocage entre le cortex et le limbique. L'enfant ressent bel et bien, mais sa zone d'intelligence intègre un faux message... Adulte, cela implique des difficultés d'ordre sentimentales ou d'empathie. Une éducation bienveillante permet de développer chaque partie du cerveau tout en les liant entre elles!

Maintenant, concentrons-nous sur un autre schéma. On voit que le cortex est lui-même divisé en aires (rappelons que le cortex est la partie du cerveau la plus évolué) qui sont très spécifiques aux différentes fonctions cognitives.



En gros :
- cortex du lobe frontal et préfrontal, uniquement disponible pour le modèle humain! Vous y retrouverez les fonctions de décisions, de mémoire...
- cortex du lobe pariétal : la motricité, notre relation à l'espace;
- cortex du lobe temporal : audition, langage (compréhension), émotion, mémoire à long terme;
- cortex du lobe occipital : la vision.

Les neurones

Ok ok... Mais ce qui nous intéresse, c'est comment nous apprenons, et ce, quelle que soit la zone activée (que nous apprenions plutôt à parler ou à mémoriser une date). Là, nous allons devoir zoomer... vraiment zoomer!
Tout d'abord regardons cette coupe en prenant soin de surtout noter la localisation de la substance grise et de la substance blanche.




Zoomons donc vers ces zones... Les neurones se trouvent dans ces parties. Dans la substance grise, on trouve les corps cellulaire des neurones, dans la blanche, les axones. 



Voilà, nous avons beaucoup zoomer et nous resterons à cette échelle, car c'est ici, que l'on apprend! 
Maintenant, comment expliquer qu'un nouveau-né possède beaucoup plus de neurones que les adultes qui ont plus appris pourtant? Parce que, l'apprentissage n'est pas une fonction de nombre, mais de chemin!

Pour diffuser une information (par exemple je lève ma main) le (ou plutôt les mais simplifions-nous la tâche avec un seul)  neurone va entrer en jeu de cette façon : 
- le neurone produit un signal électrique;
- il est propagé, dans un sens unique, par l'axone;
- à la terminaison de l'axone, la synapse va propager l'information sous forme de signal chimique, vers un 2e neurone (en passant par une des dentrites de ce 2nd neurone);
- etc... jusqu'aux fibres musculaires (schéma ci-dessous).



FAIRE, c'est activer un cheminement d'information de plusieurs neurones, plusieurs synapses... Chaque mouvement, chaque son entendu, chaque son prononcé, etc... = un chemin spécifique.
APPRENDRE c'est faire apparaître un nouveau chemin ou le consolider pour faire passer le signal plus vite ou plus efficacement ou de faire carrément disparaître des synapses devenues inutiles : c'est ce qu'on appelle la plasticité synaptique. Cette plasticité est la plus grande pendant l'enfance! Ensuite, les chemins seront renforcés par des gaines de myéline. Ce processus ne permet plus de modification. Certes le temps entre la commande et la fonction sera bien plus rapide, mais il sera beaucoup plus difficile d'apprendre d'autres choses!
C'est pourquoi il est important pour les jeunes enfants de faire beaucoup d'expériences afin de développer des fonctions importantes comme la langage (ce qu'avait pressenti Maria Montessori). Et c'est aussi pourquoi il est important pour un enfant de répéter, et répéter encore ses expériences, ses gestes (comme la marche pour un enfant de 18 mois) tout comme l'avait là aussi, instinctivement su Montessori...

On connaît la suite... Laissons les enfants expérimenter, créer, répéter et ADIEU le ménage parfait (pas une tâche sur les murs, pas une goutte d'eau à terre :) C'est pour leur bien!)