dimanche 25 mai 2014

Charlotte Mason : une introduction

Pourquoi un billet sur le Homeschooling vu par Charlotte Mason? Et bien parce que déjà, sa pédagogie est intéressante, (trop!) peu connue (Charlotte qui?) et surtout...

... parce que sur la page Wikipedia dédiée, je n'ai VRAIMENT RIEN compris! Alors, oui hein, génération internet et de la réponse immédiate, la 1ère fois que j'ai entendu parlé de Charlotte Mason, je suis passée par Wikipédia! Et j'ai vraiment, vraiment eu du mal à comprendre l'essence de sa méthodologie.



Et donc, zou... un petit livre plus tard de la dite dame (que je suis looooin d'avoir fini,  c'est un monstre...) et me voici aux anges!
Aux anges car, je dois avouer que rares sont les pédagogies, même d'avant-garde, qui plébiscitent l'apprentissage à la maison. Les méthodes Montessori et Steiner-Waldorf ont été créées pour un système collectif (dont une classe de plus de 50 enfants pour la maison des enfants à Rome!!) Mais alors, pourquoi me tourner vers elles? D'une part, parce qu'elles s'adaptent à l'enfant (raison number one pour faire l'IEF quand même), et aussi par leur retour au naturel. Des jouets en bois véritable, jardiner, créer une ambiance de fête avec des fleurs...

Mason va plus loin...
Pour elle, l'enfant ne peut QUE se construire grâce à la nature.
Afin que rien ne nous échappe, laissez-moi vous dépeindre la chose : Charlotte, travaillant avec de nombreux enfants dans des familles différentes. La campagne anglaise. Le 19e siècle. Vous y êtes? Si vous êtes comme moi, fan de Jane Austen, vous pourrez aussi vous imaginez la belle campagne anglaise. Les longues ballades. Vous comprendrez donc très vite pourquoi la nature a une telle importance dans sa méthode, en dehors de tout romantisme. Car Charlotte Mason a petit à petit, établit une vraie pédagogie pour l'éducation d'enfants dont elle avait la charge... à leur domicile.

Un enfant apprend
La pédagogue note l'importance de ne pas laisser l'enfant passer une journée sans efforts intellectuels et moraux. Tout simplement pour habituer le cerveau à travailler et pourquoi pas même, pour y trouver du plaisir...
Moi, j'aime ce conseil, parce que je me demande souvent quelle place je dois laisser à la classe, aux jeux, aux médias dans la vie des mes enfants. Lui dit ceci, l'autre cela. J'aime donc cette réponse : un effort de concentration intellectuel par jour minimum. Ni trop peu... ni trop. Elle indique également que le cerveau doit alternativement travailler et se reposer.
Bien sûr, il n'y a pas que le cerveau! Quelque soit la partie du corps à exercer, il est indispensable de la faire travailler seule. Exactement comme les activités Montessori motrices ou sensorielles, totalement focalisées sur l'apprentissage d'une seule chose à la fois.

Question de rythme
Tout comme Steiner, elle s'ouvre sur l'importance des rythmes.
Exemples d'une journée idéale pour Mason :
- Le matin, après le petit déjeuner LEGER c'est le moment des leçons (de façon générale elles n'interviennent qu'après du repos ou des jeux).
- L'après midi, l'enfant doit principalement vivre dehors ou passer du temps à des créations.
- Le soir, les leçons sont déconseillées car elles pourraient causées un sommeil de mauvaise qualité. Par contre des jeux, oh oui! 1h ou 2h de jeux avant le dodo...
- Les repas doivent être pris dans la joie et dehors...! le plus souvent possible bien sûr.


Quand à la durée des leçons, Mason avait trouvé que le cerveau de l'enfant se fatiguait particulièrement vite. Pour elle, dès que l'enfant s'ennuie ou fatigue, c'est le signe à suivre pour arrêter (à noter que les leçons dont il est question sont typées "maître donnant le savoir à l'oral".)

De l'air! 
Aussi important que la nourriture... pour le sang! Les enfants doivent vivre au contact de l'air frais! Oxygéner les maisons, faire des pique nique et beaucoup, beaucoup de sorties à l'extérieur sont nécessaires. Il ne faudrait pas se contenter d'1h! D'avril à octobre, 6h sont recommandées par Mason (pour bénéficier de l'air d'une part mais aussi afin de permettre un bon développement musculaire.) Dormir également 1 ou 2h avec les fenêtres ouvertes... (une bonne sieste sous un chêne, hmmmm délice.)
Charlotte Mason ne se contente pas de pointer la nécessité d'une bonne respiration. Elle donne également quelques indications pour une bonne respiration cutanée. Comme le bain! Une fois par jour, tous les jours, dans le but de renouveler les cellules de la peau. Ensuite, pour l'habillage, on privilégiera les vêtements en tissus repirants tels que coton ou lin.

Que du bon sens jusque là,  non? Ses conseils anciens, puisque d'un autre siècle (Charlotte Mason a vécu de 1842 à 1923) résonnent infiniment aujourd'hui (nous travaillons beaucoup sur la respiration à la maison) et j'ai beaucoup aimé ses quelques paragraphes sur l'habillage des enfants et surtout des tout petits. Pensez respiration de la peau mais aussi pratique afin d'aider le développement moteur. (Note à part, au moyen âge on habillait les enfants en robe, garçon comme fille, afin d'éviter la marche le plus longtemps possible. Parfois je me dis aujourd'hui encore, que certains choix vestimentaires vont encore à l'encontre de la motricité. Mais bon... c'est joli et ça coûte une blinde!)

Dehors dehors dehors!
Ok. Si on a un minimum entendu parler de la pédagogie développée par Mason, on sait qu'on va parler extérieur! Mais... quel type d'activités pour l'extérieur et qui vont permettre aussi l'effort intellectuel (va quand même falloir les aménager ces 6 h)!?
Et là, encore une grande clairvoyance puisqu'on va éduquer les sens et donner du vocabulaire à ces petit qui en raffolent. Vue, audition, odorat... il faut tout décrire avec PRÉCISION!
Avec l'âge on pourra passer aux étapes suivantes :
- faire décrire à l'enfant en l'aidant de questions,
- travailler la mémoire en s'imprégnant d'un paysage puis en le restituant en fermant les yeux (nous d'abord puis au tour de l'enfant le même paysage.)
- idem sans notre première intervention.
Bien sûr il faut commencer petit à petit avec 1 ou 2 remarques par jour parce qu'il est important de laisser aussi l'enfant faire ses propres découvertes. Du vocabulaire oui, mais sans l'inonder et sans transformer un moment de plaisir en leçon. Par contre, ne pas hésiter à donner les noms en plusieurs langues...

Exemple d'une observation précise : une fleur. Quel est le nombre de pétales, de quelles formes? Quelle est sa taille, sa façon de grandir...?

Mes premières impressions
Vous l'avez compris, je retrouve beaucoup de principes des mes pédagogies chouchoutes. Les notions de rythme, de jeux, de nature pour Steiner. L'éducation des sens et le développement d'un vocabulaire large pour Montessori. Avec en plus, cette recherche de bien être.

Je m'explique car en plus de la santé physique (respiration et repas sains), Charlotte Mason voit le bien être d'un enfant dehors, au contact de la nature. Notre vie nouvelle et moderne nous en a radicalement exclu, pour la première fois de notre histoire, en nous la présentant comme inconfortable. Heureusement que certains parents citadins décident tout de même d'expliquer à leurs enfants de quels légumes ils se nourrissent. Et que..  non... Herta ne vend pas des moulins (vu que leur pub évite consciemment de lier leur jambon  à l'animal... je m'égare oups...)

Pour moi, enfant du massif vosgien, élevée dehors, c'est quelque chose qui me touche.  Je trouve le raccord à la terre mère très sain. Je sens le vrai derrière les idées de cette grande dame, qui va au delà de donner simplement des ersatz de nature, en utilisant tout ce qui est présent autour de nous comme matière à apprendre et à se sentir bien.

Bref, j'espère bien écrire d'autres billets là dessus...


mais d'ici là, je sors avec les enfants. Parce qu'au final c'est ça l'important : il faut être avec eux!

mardi 13 mai 2014

L'isolement

Dernier tour de piste pour cet ensemble de billets concernant la violence éducative ordinaire! Après la punition, j'ai voulu écrire sur la pratique de l'isolement... J'ai eu du mal à trouver les mots (étrange... C'est pareil pour la plupart des articles sur la VEO auquels j'ai emprunté le texte. Pourquoi je n'arrive pas à écrire sur le sujet??)


Personnellement, il s'agit d'une pratique que je n'applique pas pour les loulous... mais pour moi même Oh que OUI. Pour que l'isolement marche il faut que ce soit ce qu'on recherche : un temps de calme afin de gérer ces émotions. Comment le vouloir pour nos enfants s'ils ne l'ont pas appris en amont (reconnaître et gérer l'émotion)? Pourquoi les isoler pour une "bêtise" alors qu'il cherche le plus souvent à communiquer?
Bref, voici un partage de une jeune idiote.

[VI] Non-violent, l’isolement ?


Depuis des mois que je n’avais pas écrit pour les Vendredis Intellos, je n’avais pas vraiment pris le temps de me poser pour lire des articles, en ligne ou papier, sur l’éducation, l’enfance et la parentalité. Mais j’ai reçu il y a deux semaines la septième parution de PEPS, le magazine de la parentalité positive. A l’occasion de la 10ème journée de la non-violence éducative, l’équipe de PEPS a réalisé un numéro spécial comprenant un dossier intitulé "Punitions-récompenses, la valse de la manipulation", et que j’ai trouvé très intéressant : il aborde pas mal de thèmes, c’est très vaste, complet, et toujours rédigé dans un style que je trouve effectivement positif et bienveillant.
J’avais bien envie de commenter tous les articles dudit dossier, mais j’ai du mal à me remettre dans le bain de l’écriture "sérieuse", alors je me contenterais de revenir rapidement sur l’article de Brigitte Guimbal appelé "Non-violent, l’isolement ?", qui, comme son titre l’indique, revient sur la pratique du "time-out", souvent présentée comme une alternative non-violente à la fessée.
Brigitte Guimbal commente ainsi un rapport du Conseil de l’Europe (La parentalité positive dans l’Europe contemporaine) :
[…] L’isolement et le retrait de privilèges y sont présentés comme les solutions les plus efficaces pour éviter que les "comportements indésirables […] se généralisent", sans que les mécanismes de cette efficacité soient mis en question. Ainsi, on peut y lire que l’enfant en isolement va faire "une démonstration de comportement émotionnel", mais que si le parent ne réagit pas, "la fréquence de ces crises diminue". "De cette façon, les sentiments de l’enfant ne nuisent pas à l’estime qu’il a de lui-même, malgré les réactions parfois intenses." On y lit aussi : "Avec les enfants en âge préscolaire, on a constaté que l’isolement (qui consiste généralement d’un retrait de l’attention parentale positive) renforce l’obéissance (de 25% à 80% environ)."
En lisant ces mots tirés directement du rapport, j’ai trouvé que les termes employés étaient vraimentrévélateurs de la finalité d’une telle méthode : "comportements indésirables", "crises", "obéissance"…
J’ai également été choquée de lire que cette méthode était particulièrement "efficace" sur les enfants en âge préscolaire (est-ce que ça veut dire moins de 3 ans ? Ou moins de 6 ans ? Je ne sais pas trop pour le coup), sans que les raisons de cette efficacité soient explicitées ou questionnées. Il me semble en effet (et Brigitte Guimbal le fait remarquer par la suite) qu’un enfant si jeune qui se voit retirer l’attention parentale positive alors qu’il est en proie à une grande émotion :
  • Ne peut pas apprendre à reconnaître puis gérer ses émotions. Si on isole dans sa chambre un jeune enfant dès qu’il crie (colère, frustration, terreur…), il ne peut pas apprendre à reconnaître ce qu’il vit, et c’est à l’adulte de l’aider en ce senset de lui proposer des outils pour canaliser son émotion. D’autant que toutes les émotions ne sont pas à jeter : la colère est une émotion saine et réparatrice lorsqu’on vit une injustice, une blessure, c’est la manière dont elle est exprimée qui doit parfois être ajustée. La frustration peut également provoquer des grosses "crises" mais elle peut être reconnue et acceptée par l’adulte, qui peut accompagner l’enfant, lui montrer qu’il est OK d’être frustré mais pas OK de détruire le mobilier, par exemple.
  • Se sent rejeté. Il vivra une expérience douloureuse qui est que ses parents ne l’aiment que lorsqu’il est sage (= lorsqu’il correspond à ce qui est attendu de lui), puisque l’"attention parentale positive" n’est rien d’autre qu’une démonstration d’amour. Il apprendra donc peut-être à ne plus exprimer – puis à ne plus ressentir – ces émotions vues comme "négatives" pour ne pas risquer de se voir retirer cette attention parentale positive qui n’est pas, dans le développement de l’enfant, un luxe, mais bien une nécessité.
  • Ne sait pas forcément pourquoi il est isolé. Que ce soit pour une "bêtise" (un vase cassé…) ou pour une "crise" (une grosse colère…), l’enfant peut ne pas faire le lien entre son comportement et sa "conséquence" (qui n’en est pas vraiment une et qui s’apparente vraiment à la punition). Il ne peut donc pas réfléchir à ses actions, ni en déduire un comportement plus adapté : je doute sérieusement que ces raisonnements soient vraiment adaptés aux enfants les plus jeunes. Pour les plus âgés, une mise à l’écart sans autre explication reste un rejet et on interdit ici à l’enfant capable de parole et de réflexion, de s’exprimer, de s’expliquer et d’argumenter au moment où il en a besoin : on lui demande de "réfléchir", donc de revenir sur son sentiment de colère, d’injustice, de frustration, qui n’est pas acceptable aux yeux de l’adulte (dans sa forme) mais qui n’en est pas moins véritable. Ne peut-on pas plutôt l’aider à l’exprimer dans une forme plus acceptable ?
Comme le souligne Brigitte Guimbal :
Pour eux [les enfants plus grands], l’isolement est humiliant, car il montre qu’ils ne sont pas considérés comme des interlocuteurs valables.
En effet, lorsqu’un adulte adopte un comportement qui ne nous plaît pas, il ne nous viendrait pas à l’esprit de le mettre au coin ou sur une chaise d’isolement, et ce même dans une relation traditionnellement hiérarchique (patron-employé par exemple), parce que nous pensons que d’adulte à adulte, nous nous devons un certain respect. L’enfant placé en isolement ne bénéficie pas de ce privilège.
Me vient également à l’esprit une scène que beaucoup d’enfants ont dû vivre : un enfant qui refuse de ranger ses jouets, par exemple, et un parent fatigué, sur les nerfs, irritable. Au bout de deux "demandes" infructueuses, le parent envoie ce dernier dans sa chambre, avec force décibels. Mais ne serait-ce pas au parent, de s’isoler, pour faire le point sur les émotions qui le tourmentent à cet instant précis ? L’enfant peut-il être jugé responsable du débordement de colère du parent, pour qui le refus de ranger ses jouets n’est qu’une goutte d’eau qui aura fait déborder le vase trop plein de contrariétés après une longue journée, par exemple ? Dans le cas présent, j’imagine qu’il serait plus adapté que le parent sorte de la pièce et s’offre cinq minutes pour souffler, reprendre la maîtrise de ses émotions, de sa fatigue, et que l’enfant ne soit pas le bouc-émissaire de son parent, la sanction étant sûrement disproportionnée par rapport au "méfait". Sûrement, dans la même situation mais avec une journée plus épanouissante, un réservoir d’énergie plein,le parent aurait eu plus de patience à l’égard de son enfant, qui reste, malgré tout, ce qu’il est : un enfant.

Je trouve regrettable qu’un rapport intitulé "La parentalité positive dans l’Europe contemporaine" propose des "méthodes" pour parvenir à obtenir l’obéissance, terme des plus problématiques, tout comme l’idée d’imposer une discipline. Ces mots renvoient directement à la nécessité de contrôler l’enfant, qui est alors considéré comme un être inférieur duquel nous pouvons obtenir les comportements qui nous conviennent, sans se préoccuper de sa vie intérieure propre, des émotions qui le traversent, de la construction de son libre-arbitre.
C’est malheureux qu’il soit considéré comme "positif" de retirer à un enfant l’attention de son parent, et qu’on enjoigne le parent à ne pas réagir aux pleurs et aux cris que l’isolement ne manque pas de provoquer tant il est incompréhensible et humiliant, pour ensuite se féliciter d’un "renforcement de l’obéissance" dans ce qui n’est qu’en fait que de la résignation.
A la lecture de cet article, je comprends donc bien que l’isolement (time-out) est, pour Brigitte Guimbal, une forme de violence éducative ordinaire, et je dois dire queje partage son point de vue : peut-être que s’il fallait faire une échelle du pire des violences éducatives,l’isolement serait dans une meilleure position que la fessée (et encore ! je ne suis personnellement pas partisane des échelles du pire) mais les violences psychologiques sont également des violences et n’en sont pas moins grave par leur absence de signes physiques. A mon sens, l’isolement pur et simple ne peut pas être considéré comme une alternative non-violente à des méthodes traditionnelles, quand on pourrait user de la communication et de la résolution de conflit pour tempérer des colères ou des frustrations, etaider l’enfant à apprivoiser ses émotions et les comportements qui en découlent, ce qui est tout bonnement impossible si on lui refuse notre présence et nos mots.
Et vous, que pensez-vous de l’isolement, du time-out ?

dimanche 11 mai 2014

La punition





La punition de permet pas de réparer son erreur. 
Pourquoi envoyer au coin alors que prendre une serviette pour essuyer, une balayette pour ramasser, ou un geste de la main pour caresser et non frapper, permet à l'enfant d'apprendre un geste, d'intégrer son "erreur" et ses conséquences et d'aller plus loin?
Qu'en est-il de notre système de justice, pour les adultes cette fois?
Voilà bien des questions. Les poser, déjà un début? Et pourquoi notre société qui posent des regards sur la Suède n'est-elle pas encore prête à bouger? Pourquoi n'existe-t-il toujours pas de loi condamnant les fessés... ?

La violence éducative ordinaire est vraiment partout. Parfois je ne m'empêche pas d'agir, d'expliquer à un père qui hurle sur son enfant, qui le menace de le frapper devant tout le monde, alors que le petit vient de tomber et de se faire mal.
Parfois mon coeur de maman ressent toutes ces douleurs.
Parfois, je me dis que la tâche est IMMENSE.

Vous, agissez-vous quand vous assistez à ce genre de "spectacle"?

lundi 5 mai 2014

Des ressources pour une éducation bienveillante

J'ai toujours su que je ne voulais pas que mes enfants me craignent. 

J'ai eu la chance d'une enfance sans coups. Restaient malheureusement des violences insidieuses à coups d'autorité abusive et de peurs. Pas de marques extérieurs.

Simplement le résultat de cette éducation traditionnelle sont ces constats : je suis JUSTE du genre à me trouver mauvaise en tout, non méritante et timide (bref ni à la hauteur de mes savoirs et savoir-faire ni à la hauteur des gens.) C'est un peu... handicapant non?

Comment faire maintenant que c'est à moi qu'incombe désormais cette lourde responsabilité éducative? Je sais ce que je ne veux pas. Les violences et être trop laxiste... Je veux que les enfants apprennent l'autodiscipline (quel joli mot prometteur!)

Bien. Et maintenant?

Oui... il me manque des outils applicables vu que ce ne sera pas inné. Ce sera du travail. Des remises en question. Des essais. Des erreurs aussi... 5 ans plus tard je peux vous dire que ça en vaut la peine. DEFINITIVEMENT. J'éprouve beaucoup de gratitudes d'avoir emprunté ce chemin.

Par où commencer alors!? Voici des livres que j'ai lu et que je garderai auprès de moi!! N'hésitez pas si vous vous sentez tenté!

Un enfant heureux Margot Sunderland


Avec des citations de publication scientifiques à l'appui, l'auteur nous emmène dans le monde de l'éducation. Il y a des preuves désormais que tels agissements permettent à l'enfant de grandir et d'apprendre dans la sécurité et l'épanouissement. Elle montre également que l'enfant ne nous cherche pas... et que ce n'est pas un petit démon à dresser ;) une belle introduction à offrir autour de nous!

J'ai tout essayé Isabelle Filliozat


Si vous avez envie de commencer à agir (plutôt pour votre enfant de la naissance à 6 ans), c'est le livre qu'il vous faut! Nan c'est vrai! Ce livre est incroyable et devrait être donné par toutes les maternités... si votre budget est très limité c'est lui qu'il vous faut.

Au coeur des émotions de l'enfant Isabelle Filliozat


Si vous avez envie de creuser le pourquoi des agissements des enfants... livre très intéressant! C'est simple : tout est émotion! A nous de décoder ensuite et le livre donne de bonnes astuces. Utile aussi pour nous comprendre nous, notre histoire et nos réactions conditionnées.

Frères et soeurs sans rivalité Faber et Mazlish


Livre indispensable pour les fratries. J'ai eu tellement de réponses... un de mes inséparables. Les maternités devraient le mettre entre toutes les mains des maman de 2e enfant! Avec les livres précédents on apprend à communiquer avec notre enfant. Là on aborde aussi les choses à dire ou non à propose de l'autre. 

Les mots sont des fenêtres ... Marshall B. Rosenberg


Alors là je dirai que ce livre est le plus beau cadeau que je me suis fait. C'est une vraie boîte à outils pratique à mettre en oeuvre pour toutes nos communications avec les enfants et surtout les adultes. Les relations changent vite et pour le meilleur. Ahhh si l'humanité échangeait de cette façons...

Les quatre accords totlteques Don Miguel Ruiz


Je vous rassure je ne suis pas folle de mettre ce livre dans la liste. Tout simplement parce qu'il s'agit aussi d'aide à la communication. Très simpliste à première vue... d'une si grande puissance pourtant. Appliquons simplement le 2e accord avec les enfants : ne rien prendre personnellement! Non il ne me cherche pas. Il a un souci qui n'a rien à voir avec moi (utile dès la 1ere tempête de la journée.)


Ma bibliothèque contient d'autres ouvrages. .. que je ne relis pas. Ceux-ci restent dans ma table de nuit bien au chaud! J'ai aussi remarqué que lorsque l'atmosphère à la maison devient orageuse (que mes conditionnements reprennent le dessus) il me suffit bien souvent d'un seul paragraphe pour un retour au calme! En gros, tout passe par la communication :)

Voici les outils pour les parents... en existe-t-il pour les enfants?! Car oui nous pouvons changer et donner à nos enfants plus de place pour communiquer avec les mots. Cependant je tiens aussi à citer un livre qui peut les aider à trouver l'apaisement en eux aussi... bref les bras de maman c'est bien ce qu'il y a de mieux, on est d'accord, mais il existe aussi un océan de paix en soi que l'on peut rejoindre seul. En particulier pour les enfants plus âgés qui n'ont pas pu apprendre tout petit... rien n'est perdu...

Calme et attentif comme une grenouille. Eline Snel.



Un cd qui permet d'aborder la relaxation. Parce que c'est bien de demander le calme à ses enfants, encore faut-il savoir où le trouver... On l'écoute avec loulou qui aura 3 ans là. Bien que l'auteur préconise de commencer plus tard, mon mini est très intéressé. Je ne sais pas s'il se concentre sur sa respiration. La voix (incroyable) l'apaise. Et il en redemande! Pour la grande de presque 5 ans ça marche du tonnerre.

Voilà pour moi! Quelles sont VOS ressources à vous? Celles pour démarrer? Pour comprendre en profondeur? Faites-moi part de vos pépites! !

samedi 3 mai 2014

Pour une enfance heureuse

Le 30 avril et sa journée contre les violences éducatives sont passés. Pourtant j'ai envie de continuer sur cette lancée...

Il y a tant à faire, tant à dire... heureusement les choses bougent! Continuons! 

Je vais utiliser encore une fois des mots qui ne sont pas les miens. Je laisse place à une doctoresse (décidément! ) Sans doute saura-t-elle convaincre les parents en questionnements :



par Catherine Gueguen, pédiatre
Des découvertes récentes sur le développement du cerveau bouleversent notre compréhension de l’enfant quant à ses besoins affectifs essentiels pour devenir 
un être humain épanoui.

Qu’est-ce qui favorise le bon développement de l’être humain ? Les progrès réalisés ces dix dernières années dans la connaissance du cerveau affectif de l’enfant sont considérables et nous permettent de mieux répondre à cette question.

Ces découvertes scientifiques vont toutes dans le même sens, modifient notre compréhension de l’enfant et nos idées préconçues sur une bonne éducation : une relation « idéale », empathique, soutenante, aimante se révèle la condition fondamentale pour permettre au cerveau d’évoluer de manière optimale pour déployer toutes ses facultés affectives (vécus et expression des émotions, sentiments, capacité relationnelle) et intellectuelles (mémoire, apprentissage, réflexion).
Durant les premières années de la vie, le cerveau est très vulnérable : les relations des parents et de l’entourage avec l’enfant ont des effets profonds sur les structures et les circuits cérébraux, sur le développement global de son cerveau, qui n’atteindra sa maturité qu’à la fin de l’adolescence. Ces relations retentiront ainsi de façon déterminante sur le comportement social et cognitif de l’enfant, notamment sa capacité à surmonter le stress, à vivre ses émotions et à exprimer son affectivité.
La particularité du cerveau de l’enfant est d’être très  malléable, (il se modifie), très immature et très vulnérable. Durant tout son parcours de vie, les premières années d’un être humain sont les années durant lesquelles son cerveau est le plus fragile.
Tout ce que va vivre l’enfant , toutes ses expériences affectives, relationnelles  vont s’imprégner au plus profond de lui, dans son cerveau, modifiant , modelant, ses neurones , ses circuits cérébraux, ses molécules cérébrales, ses structures cérébrales et même l’expression de certains gènes.
Quand l’enfant a la chance d’avoir autour de lui des adultes attentifs, bienveillants, aimants, empathiques, l’enfant va se développer au maximum de ses possibilités aussi bien au niveau intellectuel qu’affectif.
A contrario, quand l’enfant est entouré d’adultes durs, rigides, non empathiques, les conséquences se feront sentir sur sa santé physique, psychologique ( anxiété, dépression, agressivité) et sur son intellect.
Un autre point important à connaître est de savoir que le cerveau de l’enfantextrêmement immature explique que l’enfant n’est pas encore capable de faire face à ses  émotions.
Par exemple, nombre d’adultes se plaignent que leur enfant de trois ans fait des caprices, des colères, hurle,  a des cauchemars, ne veut pas dormir seul etc……. Mais c’est normal à cet âge ! La partie du cortex qui contrôle nos impulsions ne commence à mûrir qu’entre 5 et 7 ans. En dessous de 5 ans, le cerveau archaïque et émotionnel domine et l’enfant se contrôle difficilement : il tempête pour obtenir ce qu’il aime, de même qu’il est traversé par des peurs incontrôlées, de véritables angoisses et de très grands chagrins. Il ne s’agit ni de caprices, ni d’un trouble pathologique du développement mais la conséquence d’une immaturité  de son cerveau……
Nous adultes nous avons dans notre cerveau une structure très complexe, le cortex préfrontal, qui nous permet quand nous sommes envahis d’émotions désagréables, d’analyser la situation, d’y réfléchir, de prendre du recul, de réaliser que nous pouvons agir autrement.
Le cortex préfrontal chez l’enfant n’est pas du tout mature, les circuits qui relient ce cortex avec le cerveau émotionnel ne sont pas encore bien fonctionnels. Son cerveau émotionnel et archaïque sont dominants. C’est pourquoi l’enfant va réagir impulsivement soit en attaquant soit en fuyant, c’est le cerveau archaïque. L’enfant petit reçoit les émotions de plein fouet, sans filtre, sans possibilité de s’apaiser seul. Quand il est en colère, quand il est triste, angoissé, a peur, ses émotions sont extrêmement intenses, sans avoir la capacité de s’apaiser, de se consoler seul. Il ne peut pas. Quand l’entourage ne console pas l’enfant, il est en proie a des molécules de stress (cortisol, adrénaline…) très toxique pour son cerveau en développement.
Un comportement affectueux a un impact positif considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant. Il parviendra alors plus rapidement  à gérer  les émotions  envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel et archaïque. Ce moment de la vie de l’enfant où il est soumis à de véritables tempêtes émotionnelles ne durera pas si les adultes apaisent l’enfant au lieu de le réprimander plus ou moins violemment, en le menaçant, en criant, en s’énervant, en punissant ou en  frappant. Chaque fois que l’adulte rassure, sécurise, console, câline l’enfant, a une attitude douce, chaleureuse, un ton de voix calme, apaisant, un regard compréhensif, il aide l’enfant à faire face à ses émotions et à ses impulsions.
Etre empathique, aimant ne veut pas dire céder à toutes ses envies, à toutes ses impulsions. Dire non, lui transmettre des valeurs, lui donner des limites passent d’abord par notre attitude. Nous sommes un modèle pour lui. Les limites seront données avec calme et douceur sans jamais lui faire peur.
La peur, le stress sont très néfaste pour son cerveau immature. La structure cérébrale qui apaise la peur n’est pas encore développée chez l’enfant. Nous adultes, avons les structures cérébrales qui nous permettent de faire face aux peurs et de pouvoir calmer notre amygdale cérébrale, centre de la peur. L’enfant lui ne peut pas calmer son amygdale cérébrale. La peur est donc très nocive durant les premières années de vie.
Le stress quand il est intense détruit des neurones dans de nombreuses parties du cerveau……Les paroles utilisant le chantage, les menaces, les paroles dévalorisantes, les gestes brusques ou brutaux : pousser l’enfant, le tirer, ou le frapper , faire peur à l’enfant en criant, faisant  les gros yeux.  Toutes ces attitudes  provoquent un stress très important très préjudiciable pour le cerveau de l’enfant. : l’enfant devient anxieux, déprimé, triste …….
Quand l’enfant est stressé son organisme sécrète de l’adrénaline, du cortisol, molécules qui en quantité modérée ne sont pas nocives mais qui  deviennent très toxiques quand leur sécrétion est fréquente et abondante. Lors de stress important, chronique  le cortisol  peut détruire les neurones dans des structures cérébrales très importantes (cortex frontal, hippocampe, amygdale, cervelet, corps calleux).
La peur empêche de penser et d’apprendre.
Apprendre est essentiel pour un enfant. Il a soif d’apprendre, de découvrir, de comprendre. Plus l’apprentissage baigne  dans une atmosphère soutenante et encourageante pour l’enfant, meilleures seront sa mémorisation et sa compréhension. Le stress qui règne dans une classe, la peur du regard des autres ou  de paraître nul devant le professeur  et les camarades de classe, peuvent sont contre performants et altèrent l’apprentissage.
Le stress subi par l’enfant quand il étudie peut diminuer le nombre de neurones dans l’hippocampe, (structure dévolue à la mémoire et à l’apprentissage) voire même les détruire.
Quand les enseignants intègrent ces connaissances sur les effets délétères du stress sur le cerveau de l’enfant, ils modifient leur manière d’enseigner et  les enfants ne subissent plus de pression inutile. L’ambiance dans la classe devient agréable aussi bien pour l’enseignant que pour les enfants. Ils sont alors disponibles pour apprendre et les résultats s’améliorent.
En effet, que se passe-t-il au niveau de l’hippocampe quand les professeurs pressurisent leurs élèves, ont des paroles négatives, blessantes, humiliantes ? : « Tu ne comprends rien, tu es vraiment nul, tu es en dessous de tout !! » Que se passe-t-il quand les parents, de même, mettent de la pression, s’énervent, crient par exemple, lors des devoirs le soir à la maison ? : «  Tu n’apprendras donc jamais rien ! Tu es un bon à rien, tu es un incapable ! Qu’est-ce-que qu’on va faire de toi plus tard ? »
Dans ces situations, les professeurs et les parents altèrent les capacités d’apprentissage, de mémorisation et de réflexion de l’enfant, à l’inverse du but recherché.
En 2012, une étude réalisée par Joan Luby, professeur de psychiatrie à l’université de Saint-Louis, montre que lorsque la mère soutient, encourage son enfant quand il est petit, son hippocampe augmente de volume.
Cette étude concerne 92 enfants et révèle  le lien entre une attitude soutenante dans la petite enfance et l’augmentation du volume de l’hippocampe entre 7 et 13 ans.
Dès que le stress est là, les circuits qui nous permettent de penser, d’apprendre, de réfléchir, de mémoriser sont perturbés voire inhibés. Plus le stress est intense, plus nous sommes dépossédés de nos facultés intellectuelles et penser clairement n’est plus possible.
C’est un cercle vicieux : quand l’enfant a peur, il apprend mal, a de mauvaises notes, est en situation d’échec. Il se sent alors nul, humilié et ne veut plus aller en classe. Les méthodes d’enseignement  bannissant totalement la peur et le stress sont beaucoup plus agréables et satisfaisantes pour le professeur mais en plus permettent aux élèves, aux  étudiants de mieux apprendre, de mieux mémoriser et d’être plus créatifs.
Le petit de l’homme a  besoin d’être entouré d’adultes empathiques qui montrent le chemin, l’élèvent dans une  ambiance chaleureuse, aimante, faite de respect et lui donnent confiance en lui-même et dans la vie.
Si dès la petite enfance, l’enfant ne rencontre sur sa route que dureté, rigidité, non respect, le développement de son cerveau  peut être  altéré, entrainant des effets  négatifs  sur ses capacités cognitives et  affectives, sur son humeur avec des manifestations anxieuses, dépressives, agressives entravant sa vie personnelle et relationnelle. La dureté physique ou psychologique durant l’enfance freine le bon développement des enfants, a des répercussions sur sa vie d’adulte en terme de santé physique et psychologique et peut laisser une empreinte sur la génération suivante.
C’est un coût très important pour la personne elle-même car elle souffre et ne s’épanouit pas  mais c’est un coût également pour toute la société qui prend en charge ses difficultés physiques et psychologiques parfois très importantes, ses difficultés d’apprentissage  et ses troubles du comportement qui peuvent conduire à des conduites d’agression, de délinquance.
Etre chaleureux avec l’enfant, lui donner confiance, l’encourager, le soutenir, avoir du respect et de la considération pour  lui n’est pas une utopie mais est au contraire tout à fait réalisable si la motivation est là.
Dr Catherine Gueguen

Oulala... ça me donne envie de lire son livre non?