lundi 29 février 2016

Nos enfants paresseux?

J'ai appris à faire de plus en plus confiance en mon intuition éducative... en fait, je dois simplement écouter mes enfants et réagir selon leurs intérêts pour leur proposer des activités. OUI, je sais que vous avez lu ceci des dizaines de fois, moi aussi d'ailleurs (j'avais bien dit que j'allais témoigner "de vérités toutes simples.")

Maintenant ce n'est plus une vérité lue et apprise, mais une vérité ingérée, intégrée dans le quotidien.

Bien entendu j'ai toujours crû que la société avait une vision fausse de l'enfant : paresseux, prêt à toujours éviter de travailler, d'aider ou d'apprendre. Cependant, il reste toujours des petites miettes de doutes (toutes petites) mais bien présentes. Et dans ce cas, c'est vrai que l'on a besoin de se rassurer, de regarder les programmes ou d'autres blog pour voir l'avancement d'autres enfants du même âge... et ce n'est jamais une bonne idée car nos miettes de doute vont grossir (oui, vraiment, je ne vous le recommande pas!) 

Et il y a ces moments offerts par mes enfants qui balaient tous les doutes. TOUS.

Oui, nos enfants sont réellement, naturellement enclin à apprendre. 



Par exemple, j'avoue avoir été époustouflée par l'arrivée du calcul dans la vie de ma fille. 

SANS LE PROPOSER (si j'avais besoin de le préciser.)


Nous avions souvent parlé d'ajouter, d'additionner des choses dans le quotidien mais jamais cela n'a débouché sur une question. Dernièrement, elle est venue me voir avec des chiffres sur une feuille qu'elle voulait assembler un 1 et plus loin un 2 (qu'elle avait noté séparés) pour montrer que cela fait 3. Je lui ai donc montré les signes nécessaires... et c'était parti pour 2h de calcul! DEUX HEURES (je les ai compté, nous étions le soir et j'avais très envie de me coucher!!!!!) 

Très vite les petits calculs ne lui suffisait plus (le même soir!) et nous sommes passés à : 
- des calculs de tête à 3 puis 4 puis 5 composantes ;
- des façons différentes d'obtenir le même résultat ; 
- la permutation ;
- addition au dessus de 10 avec pierres semi-précieuses puis boulier ;
- addition des dizaines ;
- addition des centaines.

Loin d'être paresseuse ma fille? Non ordinaire? Eh bien, d'un autre côté, elle rechigne toujours à lire (alors qu'elle connait les lettres depuis 2 ans.)

Le lendemain c'était parti pour les soustractions et hier soir elle m'a demandé, ce que c'était les "fois."

Ecouter les rythmes de l'enfant nécessite du boulot (sans parler de la patience, élément clef) et je conçois tout à fait que cela ne puisse pas être entrepris dans toutes les familles. De là pourtant à décrire nos enfants comme fainéants...



Alors, voilà notre grand pas à nous : activité Montessori, Steiner, Reggio, Mason ou Freinet, oui. Programmes, non (j'en suis même à ne plus être d'accord du tout à proposer des leçons Montessori sans que l'enfant ne demande.)

Nos enfants ne sont pas paresseux. Non. Simplement ils ne veulent pas apprendre ce qu'on leur propose au moment où on leur propose (bref, pour arranger uniquement les adultes) mais en fonction de leurs envies!

Comme bien d'autres avant moi, je l'ai testé (et en mode quotidien hein, pas en laboratoire) et je suis certaine que vos enfants ne le sont pas non plus. Donnez nous un exemple de votre quotidien dans les commentaires (afin de tordre le cou, une bonne pour toute, à ce gros mensonge!)


5 commentaires:

  1. J'ouvre le bal avec 2 autres exemples tirés du jour (j'ai rédigé ce post il y a 2 jours) :
    - ma fille qui a spontanément essuyé toute la vaisselle toute seule (45 min de boulot)
    - mon fils qui a rangé 2 bacs plein de Duplo en grimpant 2 étages (soit 4 aller-retour avec 5kg au bout des bras) sans que qui que ce soit lui en fasse la demande.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,
    Si vous acceptez les avis divergents sur votre blog, mon avis est que suivre les intérêts de l'enfant favorise le dilettantisme (= le fait de faire quelque chose que par plaisir). Si vous avez une vision hédoniste de la vie, alors le dilettantisme est une fin en soi et est très honorable. Personnellement, je valorise l'effort, qui en premier lieu est une source de bonheur inépuisable pour moi (même s'il y a des matins difficiles), et qui en second lieu me semble nécessaire pour atteindre certains niveaux de compétences et de plaisir à l'ouvrage.
    Il me semble que le goût de l'effort et la constance au travail s'apprennent jeune.
    Chacun sa voie ! :)
    Chloé

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour et merci de votre commentaire.

    Oui aux avis divergents! Ne sont-ils pas nécessaires pour avancer, pour éclaircir nos opinions? Alors vraiment merci de vous être arrêtée et de vous être exprimée!

    Je pense sincèrement que l’on peut vivre en suivant les choses que l’on aime sans tomber dans le dilettantisme (pour moi être dilettante signifie vivre par ses impulsions, donc de ne pas aller jusqu’au bout des choses, de passer d’un plaisir à un autre.) On peut en effet choisir de faire ce que l’on aime faire, tout en fournissant des efforts pour aller loin. Il semblerait donc que l’on a prit pour habitude de concevoir que suivre les intérêts de l’enfant serait suivre ses impulsions (toutes ses impulsions.)

    Je pense qu’il y a une nuance importante ici!

    Suivre les envies des petits ne signifie en aucun cas à céder "à tous leurs caprices". Au contraire, notre rôle de parent est de gérer leurs impulsions afin qu’ils ne se détournent pas de leurs envies. Ce n’est pas facile du tout, car il est vrai que leurs envies changent très rapidement (à nous d'identifier les authentiques.) Il est tout à fait possible de suivre leurs intérêts tout en leur apprenant à faire des efforts pour atteindre des buts.

    Il faut simplement identifier, avec eux, le but à atteindre, pour que ce soit clair pour tout le monde.

    D’ailleurs, notre vie leur sert d’exemple :) Vous dites que vous trouvez l’effort enrichissant. Et j’imagine bien que vos enfants en sont témoins. Quelle belle chose vous leur donnez à voir!

    Personnellement, je suis aussi assez proche de ce que vous décrivez : j'aime beaucoup fournir des efforts chaque jour, en cherchant à me dépasser que ce soit intellectuellement ou manuellement.

    La question la plus intéressante est de savoir si ce sont des domaines que vous avez choisis on non. Dans mon cas, ce sont des choix que j’ai fait, et que je refais tous les jours. Si nous avons un emploi alimentaire, nous choisissons chaque jour d’y aller parce que nous sommes en accord sur le fait de donner notre temps à un travail en échange d’argent. C’est aussi un choix (pas très sympa, mais ça reste un choix.)

    A la place des enfants, comment alors se résoudre à faire des efforts pour quelque chose qu’ils ne choisissent pas, alors que nous, nous nous permettons ce luxe? Ce n’est pas vraiment juste… ce n’est plus de l’effort à fournir, salvateur et exaltant, mais une frustration à dépasser (et il en faut aussi un peu, on est d’accord : UN PEU!) Il ne s’agit rien de moins que de se taire et faire ce que les autres attendent de nous. L’effort ne rime plus avec joie et enrichissement mais avec sacrifice.

    Pour résumé, je ne vois pas vraiment d'antagonisme entre choix et effort… l’idéal éducatif que je poursuis serait des les aider, une fois leurs envies identifiées, de les pousser quand pointe le découragement, toujours sans aller trop loin, mais en leur faisant remarquer comme il est bon et doux d'avoir atteint SON objectif.

    Et vous pouvez tout à fait ne pas être d’accord avec moi...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour
      Je découvre ce blog et j’apprécie beaucoup !
      Et ce d’autant plus que je tombe sur un chouette débat très proche de mes préoccupations du moment.
      Je suis moi-même en train de préparer un article sur la volonté et le plaisir (mais appliqués à moi-même) et j’ai trouvé cet article de blog http://blog.scommc.fr/comment-avoir-de-la-volonte/ très inspirant.
      Il souligne bien qu’en effet, la volonté est importante et s’entraîne. Mais qu’une volonté ne peut tenir que si elle peut s’appuyer sur une dose de plaisir. De mon expérience (y compris pro) c’est en faisant des choses qui nous intéressent qu’on est le plus efficace, et qu’on puise l’énergie et la capacité à apprendre nécessaires pour faire les quelques choses qui nous intéressent moins. Vivre la majorité du temps à contre-courant de ses envies, c’est s’atrophier, se priver de son moteur le plus puissant.

      Supprimer
    2. Je suis tout à fait d'accord... c'est une réflexion que je mène depuis quelques années déjà puisque moi-même j'ai été éduqué à faire faire et encore faire, qu'une femme doit se sacrifier pour les autres (mari, enfants et même parents quand vient le moment.) Faire en oubliant qui nous sommes, ce que nous aimons vraiment. Quand on apprend à vivre ainsi, il est tellement difficile de se reconnecter avec nos désirs : ils ont été enterrés! Depuis que j'ai creusé, la vie est enfin devenue belle :)

      Supprimer