3) La classe : place au réel et à la nature
L'atmosphère qui
doit se dégager d'un tel lieu est la chaleur! Souvent, les parents n'ont pas le droit d'y pénétrer : la classe
appartient aux enfants et à eux seuls, comme le lieu sacré de leurs
apprentissages...La classe doit être accueillante et est très
vivante! L'enfant est entouré de choses qui grandissent avec lui (animaux,
plantes) et dont il peut prendre soin.
Seules
sont exposées la nature et la réalité. Dans le but de comprendre et d'absorber
les limites du monde réel, une classe Montessori fait peu appel à la fantaisie
(pas de livre sur un ours qui parle, pas de cuisine en plastique où il est
impossible de faire la cuisine). C'est seulement à l'âge de 6 ans qu'un enfant
sait faire la différence entre le vrai et l'imaginaire. Avant, il s'agit de ne
pas tout mélanger...
Pour aider dans le choix du matériel, celui-ci est regroupé
selon le domaine d'intérêt (langage, sciences) et est classé dans un ordre de
difficulté croissant. Son utilisation suit ce que Maria Montessori a appelé, un "cycle d'activité"
qui comprend les étapes suivantes :
- l'enfant cherche, seul, le
matériel. Celui-ci doit être trouvé sans pièce manquante ou cassée;
- il réalise le travail sans être
interrompu par un camarade ou par l'adulte;
- le matériel est remis à sa place.
Si l'enfant n'a pas réussi à réaliser l'activité, il ne lui est pas demandé de
la remettre correctement, mais au moins à sa place. Par exemple, la tour rose
est rangée dans le bon ordre. Si l'enfant ne réussit pas à la remettre dans cet
ordre, ce n'est pas grave! L'adulte le ferra, sans que celui-ci s'en aperçoive
(au risque d'être vexé si c'était le cas) afin que le prochain enfant
puisse prendre un matériel correctement rangé (ce qui lui permettra de mieux
visualiser si lui-même fait une erreur en travaillant.)
4)
Le matériel
La caractéristique
principal du matériel Montessori est l'isolement des difficultés (différentes
tailles de barres mais même couleur, même bruit, même forme, même design...)
Cela permet à l'enfant de mieux visualiser la notion à acquérir d'une part,
mais aussi de percevoir l'erreur. L'erreur ne passe plus par l'adulte (avec
tout ce qu'il y a de vexant, de honte, de déception, et autres sentiments
négatifs lorsqu'on nous signale une erreur, sentiments qui se fixe pour ne plus
s'en détacher ensuite de l'acte d'apprendre, et qui risque de conduire ensuite
la personne à détester l'école dans sa vie d'enfant, et les apprentissages dans
sa vie d'adulte). Le contrôle de l'erreur guide vers les bons gestes et permet
de reconnaître ses propres fautes. Il place l'enfant au coeur de son processus
d'apprentissage. Si l'enfant ne voit pas l'erreur, c'est qu'il n'est pas encore
prêt, pas encore assez développé pour pouvoir réaliser l'activité. Réalisée au
bon moment, il saura la reconnaître.
Le matériel évolue
du plus simple au plus complexe, et ceci également en terme de design (les barres
pour compter sont d'abord d'une même couleur, elles existent également en bleu
et rouge (émergence de la notion d'addition) puis diminue en taille afin
d'accompagner des additions plus abstraites).
Autre originalité
: il prépare de façon indirecte à de futurs apprentissages, notamment la
lecture. Les activités de vie pratique sont présentées de gauche à droite, les
boutons de préhension des puzzle favorisent une bonne tenue du crayon, plus tard (mémoire corporelle). Quand arrive le moment de ces
apprentissages, une grande partie est déjà su, innée.
Dernière
particularité, le matériel Montessori permet de sentir les notions concrètement
avant de passer à l'abstraction (l'enfant voit d'abord la forme cube, en bois,
puis le carré dans un puzzle, puis son tracé sur toute sa surface, plus tard
son tracé sur les côtés uniquement, au trait fin).
Maria
Montessori évoque la nocivité que peut avoir un trop grand nombre d'activités à
disposition : l'attention peut être dissipée, l'exercice peut devenir trop
mécanique (redondant par rapport à d'autres) ce qui causerait la perte de
perception (et tout l'intérêt).
Voici
les règles d'utilisation du matériel :
-
le traiter avec respect (on le pose sur une table ou sur un tapis);
-
un seul exemplaire (l'enfant apprend la patience, et se confronte avec des
sentiments de frustration)
-
on ne dérange pas un camarade qui travaille;
- les
leçons d'utilisation sont individuelles;
Pour Montessori, le matériel doit permettre de mettre de l'ordre dans un chaos. Grâce à lui, l'enfant a la possibilité de travailler seul le plus possible, de ne pas être
dépendant de l'adulte (aide ou approbation).
Après que l'enfant ait suffisamment travailler et intégrer les nouvelles notions, l'adulte procède à la leçon en 3 temps (voir).